La popote dans les Oflags ...
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La plupart des prisonniers vivaient en « popote ». La popote, souvenir de la popote de bataillon, de compagnie ou de batterie d'avant la captivité, était un groupe d'origine variée, de dimensions inégales : deux ou trois officiers au moins, quelquefois dix ou douze anciens de la même unité, liés par leurs souvenirs de campagne, ou compagnons de hasard que des affinités avaient rapprochés. La popote, c'était la famille du prisonnier. Comme toutes les familles, elle était plus ou moins unie ; elle connaissait ses brouilles, ses disputes, fréquentes dans ce milieu artificiel où les motifs d'irritation ne manquaient pas. Mais elle était la cellule où, à défaut des siens, on trouvait le réconfort d'une amitié virile les jours de cafard, lorsque les nouvelles n'arrivaient pas ou étaient mauvaises.
Dans chaque popote, les vivres étaient mis en commun, et l'homme important était le popotier, celui qui veillait sur les réserves et fixait les menus en fonction des ressources ; entre la prodigalité et la parcimonie, il devait tenir un équilibre difficile. Mais il fallait aussi faire la cuisine, et ce n'est pas mince besogne lorsqu'on ne dispose, au départ, ni de récipients, ni de fourneau, ni de combustible. L'ingéniosité supplée à tout, plus ou moins. On inventa des modèles de poêles semblables dans tous les camps, fabriqués à partir de boîtes de conserve, avec un tirage assuré par de savants courants d'air, et alimentés patiemment par de minuscules boulettes de papier : les prisonniers étaient bien reconnaissants au Volkischer Beobachter, qu'ils n'hésitaient pas à acheter bien qu'il fût le plus authentique quotidien nazi, parce qu'au moins, avec son grand nombre de pages, il leur permettait de ne pas manger froid.
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